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El Watan

lundi 15 mars 2010

Métro et tramway : à quand le bout du tunnel ?


L'objectif des autorités est d'atténuer la crise de transport : des milliers de bus assurent tant bien que mal, et souvent dans l'anarchie la plus totale, la tâche de transporter des citoyens d'un lieu à un autre. Il s’agit aussi de rattraper le temps perdu dans un secteur aussi stratégique, où l’Algérie a pourtant accusé un retard handicapant. Le lancement du projet de réalisation du métro d'Alger et du tramway dans les centres urbains s'est ainsi avéré nécessaire.

Le défunt ministre des Transports, Mohamed Maghlaoui, a travaillé durant des années de suite pour mettre sur les rails ces projets ambitieux. Son successeur, Amar Tou, se doit aujourd’hui d’assurer la poursuite des travaux.
En janvier, Amar Tou avait justement annoncé devant l'Assemblée populaire nationale (APN) que le secteur réceptionnera 6.561 km de nouvelles lignes d'ici l'année 2014. Outre le projet de réalisation d'une ligne à grande vitesse et de l'extension du métro d'Alger, le ministre des Transports évoque le projet de création du réseau du tramway, dont l'extension des lignes est prévue dans les « prochaines années » à Alger, Oran et Constantine.

Mais le lancement de tous ces projets d'une manière quasi simultanée a provoqué une véritable « clochardisation ». Partout où les travaux du tramway sont lancés (depuis 2006), les Algériens assistent à la transformation des centres urbains, où l'asphalte se mêle à la boue et où le piéton se dispute le peu d'espace qui reste encore avec l'automobiliste.

Par exemple, à Bab Ezzouar, à l'Est d'Alger, les travaux d'extension de la ligne du tramway s'éternisent et les citoyens commencent à s'impatienter. Les automobilistes doivent circuler sur les trottoirs pour éviter les grillages qui séparent des lignes du tramway. Située au coeur de l'une des principales artères de Bab Ezzouar, cette ligne d'extension a complètement déformé l'image d'une ville qui ressemble désormais à un «douar» oublié.

Au niveau de Mohammedia de nombreux commerçants ont fermé boutique à cause des travaux. Il y a quelque années pourtant, l'endroit, réputé pour ses restaurants, était la destination favorite des familles algéroises, mais aussi de voyageurs qui n'hésitaient pas à s'arrêter pour déguster les spécialités dont se targuaient les restaurateurs de ce côté d’Alger.
En allant plus loin vers Bordj El-Kiffan, c'est le même spectacle. La cité est « éventrée » par les travaux du tramway. Station balnéaire, fréquentée par des dizaines de milliers de touristes chaque année, Bordj El-Kiffan ne respire plus et constitue une véritable « plaie béante ». L'animation qui caractérisait cette station balnéaire a complètement disparu.

Quant au métro d'Alger qui a englouti des milliards, la date de sa réception n'est pas encore arrêtée. Pourtant, des promesses ont été faites sur « l'inauguration imminente » de ce métro, le premier dans notre pays. Son inauguration avait pourtant été promise pour l'été 2009 à l'occasion de la réception en octobre 2008 de la première rame du métro d'Alger. Le directeur du projet du métro d'Alger, Philippe Sauvard, avait avancé les mêmes assurances sur la mise en service de ce métro pour l'année 2009. Chaque année des dates sont avancées par les responsables concernés ; elles ne sont en rien respectées. Les habitants d’Alger attendent des explications mais en vain. Silence radio du côté du ministère des transports.

Sources :
www.metroalger-dz.com et http://www.algeriepyrenees.com/article-algerie-le-metro-d-alger-cette-arlesienne-encore-un-retard-annonce-42478206.html

Polémique autour de la plus grande mosquée du monde

Il s'agit d'un projet qui a fait couler beaucoup d'encre, tant la polémique était grande : la troisième plus grande mosquée du monde, tout juste après les mosquées de La Mecque et de Médine, et qui vient détroner celle de Hassan II à Casablanca. Les maghrébins en compétition avec des mosquées réalisées par des groupes d'architectes européens ! A quand une cathédrale à Genève réalisée par un architecte de chez nous, surtout en ces temps de crise où il est interdit d'ériger des minarets en terre helvétique ?

La nouvelle Grande Mosquée d'Alger s'élèvera au milieu de la baie d'Alger sur un terrain de ca. 275.000 m² tout près de la mer. Le groupe de travail formé par Krebs und Kiefer avec KSP Engel und Zimmermann a gagné le concours international pour le projet en janvier 2008. En juillet 2008 fut signé le contrat pour la planification générale et la surveillance des travaux pour la Grande Mosquée d'Alger en présence de la chancelière allemande Mme Angela Merkel. Il est un aspect sans pareil que cet ensemble de mosquée relie des institutions religieuses et profanes. La construction est conçue pour la réception chaque jour de jusqu'à 120.000 visiteurs.

L'architecture de la mosquée avec son gros oeuvre carré relie la modernité et la tradition. La tradition parce qu'elle remonte au type le plus ancien des moquées, la mosquée à colonnades. Une marque du style sont, entre autres, les colonnes qui s'ouvrent vers le haut comme des fleurs tout en offrant aussi l'espace pour les conductions techniques. Elles se retrouvent dans l'entier ensemble de bâtiments. Une barre d'édifices, accueillant un centre de cinémas et des magasins, forme à l'ouest du terrain le début pour la partie du nord de l'ensemble.

Source : Archimag

De l'utopie au replâtrage

Quatre ans après en avoir esquissé les contours pour gagner le concours, l’Agence d’architecture parisienne, Arte Charpentier, a enfin daigné montrer publiquement une image du projet qu’elle a conçu pour ce qui devait être le grand aménagement de la Baie d’Alger.

« L’éco-métropole du XXIe siècle », encore clamée en illustration de l’image en vue générale, a laissé pourtant se développer timidement un travail de ponçage-lustrage du port d’Alger et de ses alentours immédiats. Plus vers la mer, moins vers la ville. C’est du moins ce qui nous surprend dans cette carte postale affichée en guise de présentation tronquée de ce qui devait être le plus grand dessein jamais décidé pour enfin (ré)concilier la ville avec son penchant naturel : la portion de mer où elle plonge, les îlots réunis qui lui ont valu son nom. De ce qui a été imag(in)é en première instance par Arte Charpentier lors du projet présenté pour le concours, dans ce désir ardent de ressouder des morceaux égarés et de les faire revivre ensemble grâce à l’exploitation de ressources naturelles, il ne reste plus que des bribes accolées en toute hâte.

Toute l’énergie puisée dans les forces géophysiques du site, prises en charge de manière tellement subtile, tellement bien conçue, toute la pensée d’une ville trouvant dans l’acheminement réfléchi, maîtrisé, de ses eaux de ruissellement, de ses pentes, de son orientation, les moyens de contredire l’esprit de « l’autostrade », incontournable depuis Le Corbusier, sont désormais une lointaine idée abandonnée, trahie. Malmenée… L’eau s’en va, le site se cache, l’autostrade reste, plus affirmée que jamais… Finalement, nous avons historiquement du mal à dépasser ce geste (presque) gratuit, éphémère, spontané, du Corbusier, qui prolongeait sans vraiment le chercher les incessants coups de crayon barrant le chemin à la ville pour lui masquer son aire d’épanouissement que la nature lui avait offert en guise d’écrin. Confié à chaque échéance historique à la star du moment (Guiauchain, Frédéric Chassériau, Le Corbusier, Niemeyer… Arte Charpentier), afin d’espérer cadrer avec l’esprit d’une époque, le désir de mettre les atours de la ville en exergue finit par se plier devant ses incapacités manifestes à contenir le progrès. Car c’est la ville que l’on accusera, de nouveau, d’y être hostile.

Comme attachée jusqu’à l’étouffement à ses entassements, Alger se joue des utopies qui veulent lui donner le rôle d’illustration à faire rougir d’envie les autres portes méditerranéennes. Devant la taille du projet tel que signifié à l’aube de ce siècle, les moyens dégagés pour le réussir, la volonté annoncée de le mener à bout, nous croyions naïvement que le temps était enfin venu de libérer la ville de ses marasmes, au bonheur des âmes qui la hantent et en subissent quotidiennement les écarts de conduite. Malheureusement, elles vont devoir encore patienter un demi-siècle. A peine… Le replâtrage est de nouveau entré en vigueur.

Source : El Watan

La folie des grandeurs ou "Futur Alger"



La Baie d'Alger ( Futur Alger)
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Pour se repérer

Colonisation et expansion, quelle planification ?

Pendant plus de huit cent ans, la médina d’Alger est restée imperturbable, tournée à la fois vers la mer et vers son arrière-pays.

Même si cent trente ans de colonisation française ont fait sortir Alger de ses limites, il ne faut pas oublier que cette première explosion spatiale ne s’effectua pas seulement en réponse aux nouveaux besoins de la communauté européenne. Le contexte mondial d’industrialisation et de développement de nouveaux moyens de transport terrestres et maritimes, des technologies de construction et d’agriculture a entraîné des changements socio-économiques importants.

L’indépendance est venue briser l’expansion spatiale d’Alger, supportant alors avec difficulté l’accroissement de sa population (400 000 personnes entre 1962 et 1966). Des années 70 aux années 2000, le développement spatial d’Alger est ensuite hors du commun. La vitesse et l’instabilité du phénomène ont pris de court toutes les prévisions et toutes les orientations d’aménagement effectuées par les urbanistes depuis l’indépendance, et ont dépassé toutes les volontés, feintes ou réelles, de maîtrise. Depuis l970, de nombreux plans d’aménagement ont été établis : le premier plan quadriennal 1970-1973, le schéma des structures d’Alger à l’horizon 1985, puis le Plan d’orientation générale de développement et d’aménagement d’Alger à l’horizon 2000.

Tout comme la société algérienne aspire à un projet de société à la mesure de ses espérances, Alger a aujourd'hui besoin d'un projet urbain cohérent, construit en coopération avec les différents acteurs et à la mesure de potentialités réelles. Il s'agit de réinventer des logiques spatiales, économiques et sociales, les inscrire dans une vision stratégique traduite par une planification souple et appuyée par une forte volonté politique, pour assurer une gestion et une coordination durable.

Source :
Alger : paysages urbains et architectures, 1800-2000 / sous la direction de Jean-Louis Cohen, Nabila Oulebsir et Youcef Kanoun ; photographies contemporaines de Dominique Delaunay ; 2003